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j’aimais le plaisir et je secouai, sans plus de réflexion, les entraves qui gênaient mes penchants et mes goûts. Si je suis coupable, Monseigneur de Toulouse l’est beaucoup plus que moi. »


Pendant la fin de la Restauration, j’habitai surtout la Franche-Comté, secondant les entreprises industrielles de mon père.

Celui-ci avait eu souvent occasion de s’exprimer sur la politique générale, soit en présence des ministres, soit en présence des princes de la famille royale qui traversèrent Besançon à plusieurs reprises dans l’espace de trois ou quatre ans. Il n’en fallait pas davantage, sous un gouvernement ombrageux, pour le mettre au nombre des citoyens dont on soupçonnait et dont on redoutait l’influence ; aussi échoua-t-il lorsque, en 1824, il fut porté comme candidat à la Chambre des députés par les électeurs de l’opinion libérale du grand collège de Besançon. On lui préféra M. Emonin[1] l’aîné, l’un des hommes les plus nuls de la ville et qui n’avait d’autre titre à ce poste éminent que d’être le plat valet de M. le premier président Chifflet[2], royaliste empesé, fanatique et dévot.

  1. Emonin (Jean-Louis-Aubin), 1780. Député du Doubs de 1824 à 1827. Il était ministériel jusqu’au fanatisme et la Biographie des députés de la Chambre septennale dit de lui : « Il a obtenu la croix de la Légion d’honneur ; on ignore si c’est à titre de ministériel ou à titre de négociant, ou bien à tous les deux. »
  2. Chifflet (Marie-Béaigne-Ferréol-Xavier, vicomte), 1766-1835. Fils d’un président du parlement, il émigra pendant la Révolution et