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pour l’instant, se lançait dans l’opposition, je lui parlai de littérature et d’art, voulant éviter de mettre la conversation sur un terrain brûlant. Comme je lui signalais avec des éloges une jolie maquette en plâtre de Louis XVIII, que j’avais admirée le jour même, il m’envoya le lendemain l’épigramme suivante :

C’est à bon droit que la sculpture
Passe pour le premier des arts,
Puisqu’il nous rend en miniature
De Louis les serins regards.
En buis, en épine, en albâtre,
Il fait le charme de nos yeux ;
Il n’est déjà pas mal en plâtre,
En terre, il serait beaucoup mieux.

Une autre fois, me promenant avec un receveur général du centre de la France que je ne nommerai pas et mon camarade de collège Thorigny, des pauvres Luxembourgs, nous croisâmes la calèche de Mme  du Cayla qui revenait des Tuileries faire son service auprès de Louis XVIII. Thorigny salua respectueusement. Je ne connaissais pas la vice-reine et encore moins ses équipages, aussi demandai-je le nom de la personne à laquelle s’adressait un salut aussi solennel. — « C’est Mme  la comtesse du Cayla, la nouvelle conquête du roi. — Et une conquête qui est de bonne prise. » fit X… d’un air détaché. — « Le choix est bizarre, repris-je, car j’ai entendu dire qu’elle avait eu déjà plusieurs amitiés. — Oui, ça varie ! » répondit Thorigny avec innocence. Étant donnés les bruits qui cou-