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du nouvel ambassadeur à Londres, à la place de celui de François Ier.

M. Lepelletier d’Aulnay, qui est venu dîner ce soir à la préfecture en arrivant à Paris, nous a raconté fort spirituellement ces diverses anecdotes, qu’il a terminées par un coup de griffe sanglant contre les ultras, dont il ne peut souffrir, comme tant d’autres, la morgue, la jactance et l’impéritie.


(Octobre 1820). Après ma nomination de secrétaire général de la préfecture de la Lozère, datée du 30 septembre, j’ai été présenté lundi dernier 5 courant au roi Louis XVIII et à la famille royale par M. le duc de Richelieu, premier ministre de Sa Majesté. Mon entrée aux Tuileries me causait beaucoup moins d’effroi que ma première visite à M. Decazes. Je connaissais, pour les avoir vus tour à tour dans les différents salons ministériels, presque tous les personnages que de vieux services rendus pendant l’émigration avaient placés autour du trône, et je dois avouer que cette connaissance n’était pas propre à me donner une haute idée de l’intelligence gouvernementale des conseillers de la couronne. Pendant que je faisais quelques réflexions à cet égard, les deux battants de la porte placée derrière le groupe où je me trouvais s’ouvrirent avec fracas et le silence le plus profond succéda au bruit confus des voix qui bourdonnaient dans cette salle. C’était l’audience du roi. Un huissier annonça d’abord les députations des corps constitués qui venaient com-