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PRÉFACE



J’ai toujours été fort sceptique en face des hommes qui, rédigeant leurs souvenirs, commencent par établir que leur plus cher désir est de ne pas les voir publier. S’ils étaient sûrs d’écrire à papier perdu, on peut supposer qu’ils se contenteraient de s’asseoir dans un fauteuil et de repasser tranquillement en eux-mêmes l’existence écoulée. À quoi bon travailler pour le néant ?

Telle est la réflexion qui se présentait à mon esprit en parcourant les manuscrits de mon grand-oncle. J’ai eu beau fouiller, relire, sonder ces documents, je n’y ai pas trouvé des révélations sensationnelles ou des anecdotes capables de jeter l’émoi parmi les générations présentes. Leur auteur n’a pas gagné de bataille, n’a pas rempli de mission diplomatique sans précédent, n’a pas eu les confidences inédites d’un souverain, bref ne