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fection rare et fut couverte de fleurs et d’applaudissements, nous nous rendîmes au café de Foy pour y prendre des glaces.

Au milieu du salon, sous l’hirondelle de Vénus, il y avait quatre jeunes gens dont un seul ne m’était pas connu ; ils vinrent à nous aussitôt qu’ils nous aperçurent et nous engagèrent à nous joindre à eux. La conversation s’anima. Je remarquai surtout la parole pleine d’intérêt, de distinction, d’élégance, ainsi que le brillant esprit de celui de ces messieurs que je ne connaissais pas ; je l’examinai alors avec une véritable curiosité. C’était un grand et beau jeune homme qui paraissait avoir de vingt-cinq à vingt-huit ans au plus ; il avait le teint d’une blancheur teintée de rose qui faisait ressortir le limpide azur de ses yeux ; des moustaches blondes et fines se relevaient fièrement de chaque côté d’une lèvre quelque peu dédaigneuse ; des cheveux châtain clair et soyeux, négligemment rejetés en arrière, laissaient à découvert un front dont le développement et les contours gracieux révélaient l’intelligence et la pureté, sa taille était souple et mince, et l’uniforme devait lui aller à merveille ; il avait encore la mise élégante des derniers jours de l’empire et portait un pantalon de tricot blanc avec des bottes molles à la chevalière ; une redingote polonaise fermée sur la poitrine à l’aide de nombreux brandebourgs et un ruban de plusieurs couleurs noué autour de l’olive la plus élevée du côté gauche, décelaient en lui des habitudes toutes militaires.