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CHAPITRE VII


Une soirée au café de Foy. — Le colonel de Brack. — Ses qualités. — Un baladin heureux. — La belle Virginie. — M. Dumanoir. — Le maréchal Jourdan. — Promenade du roi à Versailles. — Une parade dangereuse. — Semonce de Louis XVIII à un colonel. — Les habiletés du baron Capelle. — M. Decazes me prend malheureusement pour un autre. — Présentation à la famille royale. — La bête du Gévaudan.


C’était en 1817. J’étais allé un samedi, selon mon habitude, coucher à Paris chez mon ami Oudard, avec lequel j’avais travaillé côte à côte pendant un an, dans le cabinet particulier du préfet de Seine-et-Oise ; Oudard était alors attaché au cabinet de M. le duc d’Orléans et suppléait presque constamment près de ce prince le chevalier de Broval, dont la santé délabrée forçait celui-ci à garder la chambre pendant des mois entiers. Oudard habitait au Palais-Royal, dans le pavillon de l’Horloge, un petit appartement des plus coquets, dont les trois principales fenêtres donnaient sur la cour d’honneur. La chambre dans laquelle je couchais était éclairée par une de ces fenêtres.

En me voyant entrer, vers les cinq heures, Oudard me serra la main en me disant : « Dépêchez-vous d’aller vous habiller ; on donne ce soir Tartufe aux Français et nous avons la loge du prince tout entière. » Après le spectacle, où Mlle  Mars se montra d’une per-