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à Gray. C’était un officier d’une beauté remarquable et que je me rappelle encore vêtu de son élégant uniforme et coiffé d’un casque qu’il portait à merveille.

M. de Jumilhac avait émigré et servi dans l’armée des princes. Échappé au massacre de Quiberon, il rentra en France après le 18 brumaire, prit du service sous l’empire, et fut nommé lieutenant général le 30 août 1814. À des manières pleines de distinction il joignait la franchise du soldat, il avait la repartie vive et brusque et je l’ai vu quelquefois d’une gaieté piquante et soutenue dans les longs dîners que lui donnait mon père, lorsque, de Gray, il venait passer quelques jours à Besançon.


Dans les premiers jours de mon apprentissage administratif, je remarquai que M. des Touches était un homme bon, indulgent, aimant la jeunesse, lui pardonnant beaucoup, mais dont il ne fallait pas, soit par négligence, soit par un entraînement au plaisir, compromettre les heures de travail ou déranger les habitudes d’ordre. Sous ces deux rapports, il était inexorable et se mettait dans des colères terribles lorsqu’aux heures de bureau il ne trouvait pas sous sa main celui de ses trois aides de camp dont il avait besoin. Aussi, à une ou deux exceptions près, n’a-t-il pas eu, pendant mes cinq années d’études, à se plaindre d’une seule inexactitude de ma part.

M. des Touches avait un fils et une fille ; son fils, Ernest, capitaine aux hussards de la garde royale,