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conversation. J’ai dans mon cabinet un portrait d’elle gravé, d’une ressemblance parfaite, et au-dessous duquel on a placé une vignette qui la représente dans son salon, comme je viens de la dépeindre. Elle est morte à Paris en 1832, d’une attaque de choléra.

Sa sœur Simplicie, Mme de Jumilhac, dont le mari passait à juste titre pour un des plus beaux officiers de l’armée française sous l’Empire, était une petite femme un peu plus haute qu’un mètre, et qui, à l’instar de Polichinelle, portait une bosse par devant et une autre par derrière ; ses traits avaient le type ordinaire de tous les bossus ; ils étaient fortement accentués, le nez et le menton surtout.

Elle déguisait sous les dehors d’une malignité factice, genre d’esprit qu’elle avait adopté sans doute pour faire oublier ses infirmités physiques, elle déguisait une bonté naturelle, dont elle a souvent donné des preuves en ma présence. Elle avait cette voix aigre, maligne, qui appartient à certains vieillards, et qui semble ne connaître que l’usage des phrases sardoniques, ou des mots piquants. C’est Mme de Jumilhac qui me dit un jour :

— « Armand, vous étiez hier au bal déguisé de M. le duc Decazes ?

— Oui.

— Comment était Mme Princeteau[1] ?

  1. Sœur du duc Decazes, et mariée en 1806 à un propriétaire de Libourne, M. Princeteau, qui l’abandonna malgré son charme et son esprit. Elle se réfugia près de son frère et fut par lui présentée à