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même temps que moi au poste de la place Saint-Pierre, à Besançon. C’était un poste d’honneur. Comme notre camarade était d’une poltronnerie sans exemple, il se faisait toujours dire à l’avance à quelle heure de la nuit il serait de faction. Alors, sa soubrette, qu’il avait soin d’aller prévenir lui-même, arrivait à l’heure dite, une lanterne à la main, se plaçait à côté de son maître et faisait la même promenade que ce simulacre d’homme, tant que durait la faction. C’était du plus haut comique.

M. Curasson a laissé trois enfants, deux filles et un fils ; ils avaient pour mère une petite bossue, grêle et disgracieuse, c’était une demoiselle Ethis, appartenant à une des meilleures et des plus anciennes familles bourgeoises de Besançon. On la disait une très excellente et digne femme.

Une des filles de M. Curasson, Mlle  Elisa, a épousé un réfugié italien qui lui donnait des leçons de langue italienne.

Je ferai remarquer à cette occasion que les réfugiés politiques, à quelque pays qu’ils appartiennent et qui sont venus chercher un asile en France à la suite des révolutions politiques faites par eux dans l’intérêt du parti démocratique, sont tous marquis, comtes, vicomtes, barons ou chevaliers. C’est une contradiction que l’on trouve souvent dans la conduite des hommes politiques.

Quoi qu’il en soit, Mlle  Curasson est aujourd’hui la comtesse de Francolini. Sa sœur est morte jeune et son