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Il ne s’agissait plus pour Bigot que de faire connaître cette particularité aux généraux anglais afin qu’ils en profitassent. Voici comment Sournois s’y prit, selon les ordres de son maître. Il s’aboucha avec deux soldats de la garnison de Québec, gens de sac et de corde et ivrognes au moins autant que lui. Comme il les avait déjà traités plusieurs fois, il fut facile au valet de les décider à le suivre dans une taverne dont il était l’habitué.

Là, après maintes rasades, Sournois feignit de paraître plus échauffé qu’il ne l’était réellement. D’abord, il s’apitoya sur le sort de ses deux amis qui ne pouvaient manquer de perdre très-prochainement le goût du vin, vu qu’il savait de source certaine que les Anglais étaient à la veille de s’emparer de la ville et qu’ils se préparaient à passer toute la garnison au fil de l’épée, à cause de la longue et opiniâtre résistance opposée jusqu’alors aux assiégeants. Et, sans qu’il y parût, Sournois leur infiltra l’idée de désertion pour prévenir le funeste sort qui les at-