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LA RÉVOLUTION RUSSE

Rannïé outro (La première heure), cinq kopeks !… Qui donne plus ?…

— Deux roubles ! crie une voix.

Et aussitôt, l’enchère monte : 10 roubles ! 15 roubles ! 18 ! 28 !… Enfin, le numéro est adjugé à 50 roubles.

Les journaux de Pétrograd ayant cessé de paraître depuis une semaine et l’arrivée de ceux de Moscou ayant été interrompue pendant trois jours, les étudiants ont eu, dès la reprise de service des chemins de fer, l’ingénieuse idée de vendre aux enchères, et au profit des postes de ravitaillement pour les soldats, les premiers numéros parus. La criée a été productive à Gostiny-Dvor ; elle ne l’est pas moins au coin de la rue Troïtskaïa où la même scène se renouvelle. Un numéro du Rouskoyé Slovo a été adjugé à 100 roubles ; 100 roubles encore, un Rousky Viédémosti. Et la foule d’applaudir et d’accompagner les acheteurs avec des ovations frénétiques ! On dit, — mais je n’ai pas assisté aux enchères, — que sur un autre point de la Newsky un numéro de ce même journal a atteint le prix fantastique de 10.000 roubles (plus de 20.000 francs).