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UNE SEMAINE D’OURAGAN RÉVOLUTIONNAIRE

coups de baïonnettes et de crosses de fusils. On pilla les caves, on s’enivra ; trois cents officiers furent emmenés comme prisonniers à la Douma et les voyageurs durent chercher un asile dans une ville déjà bondée et où, en ces jours d’épouvante, les portes ne s’ouvrent qu’avec terreur aux inconnus, aux étrangers ou aux suspects… L’ambassade d’Italie en abrita quelques-uns.

La nuit est venue. On n’a pas éclairé les rues. La neige tombe. La foule, peu à peu, s’écoule. Les ivrognes cuvent leur boisson. Il y a comme un commencement d’apaisement dans l’air. Serait-ce déjà la détente ? On entend encore quelques coups de feu dans la nuit… Un grand voile de neige sous lequel s’agitent vaguement des ombres s’étend peu à peu sur la cité…


Mercredi 29 février/13 mars. — Nous nous réveillons dans de la blancheur immaculée. Une molle fourrure, de douze à quinze centimètres d’épaisseur, capitonne toutes les fenêtres. Les pas sont plus silencieux et les appels plus discrets. Un froid très vif a succédé à la neige nocturne. On s’en aperçoit à