Page:Markovitch - La Révolution russe vue par une Française, 1918.djvu/256

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
252
LA RÉVOLUTION RUSSE

Cronstadt indépendante ! Cronstadt en république ! Cronstadt, la forteresse par excellence de la Baltique, la clé de Pétrograd et de la Russie, libre de disposer d’elle-même, fût-ce contre les intérêts de l’État !… Se peut-il qu’il se soit trouvé des hommes assez fous, des patriotes assez peu dignes de ce nom pour décréter une aussi inconcevable mesure ?

Cette nouvelle a causé une sorte de panique dans Pétrograd. On s’aborde : « Où allons-nous ? — C’est le commencement de la fin ! — Le gouvernement provisoire tolérera-t-il une pareille atteinte à son autorité ? — Il faut bloquer la forteresse, la sommer de se rendre et, si elle résiste, la réduire par la famine… »

Comme pour augmenter à dessein le désarroi des esprits, une centaine d’anarchistes, comprenant des ouvriers, des matelots et des femmes, parcourent les rues de la ville, précédés de drapeaux noirs et portant des fusils et des grenades à main…

Un télégramme d’Helsingfors annonce que l’anarchie est complète dans la ville d’Abo. Tous les membres de la municipalité et le Sénat finlandais sont partis pour avoir un