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LA RÉVOLUTION RUSSE

et parfois des enfants stationnent dès les premières heures du jour devant les boulangeries, pour s’en retourner, hélas ! avec une ration chaque jour diminuée. Il en va de même pour le beurre et le lait que, dans certains quartiers, on réserve exclusivement pour les petits enfants. Et cependant, on assure que ces produits abondent dans les villages et jusqu’en Sibérie. Un ami qui en revient me raconte que dans toutes les gares sibériennes, de Vladivostock a l’Oural, on trouve pour quelques kopeks du bon pain blanc, — régal depuis longtemps oublié à Pétrograd, — des pots de crème et de lait.

Certains dépôts regorgent de farine, et même, selon une version dont je ne puis contrôler l’exactitude, le blé pourrit sur place en maints endroits.

À qui la faute ?

D’abord au paysan qui refuse, par indifférence ou par manque de patriotisme, d’accomplir l’effort nécessaire pour faire parvenir dans les grands centres le surplus de sa consommation. Ensuite et surtout au terrible état de désorganisation générale. M. Maximov, délégué pour une des régions du Volga,