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LA RÉVOLUTION RUSSE

tions particulières — quelle que soit leur ampleur — qu’il appartient de déterminer le mode nouveau de répartition de la terre. »

Il n’y a aucun rapport entre la question agraire, telle qu’elle se pose actuellement en Russie, et celle que souleva, en France, la Révolution. En Russie, la terre appartient à la commune ou mir, et c’est le mir qui la répartit entre ses membres. L’idée que la terre est à Dieu est ancrée dans l’âme du paysan russe, d’où son attachement pour le communisme agraire. Il n’est plus le serf du seigneur, mais il reste volontairement le serf de la terre.

— Dans ton pays, combien a-t-on de terre par âme ? se demandent entre eux deux soldats-paysans dès qu’ils se rencontrent.

Or, il est des villages russes où le paysan ne possède plus, par suite de l’accroissement de la population, qu’un cinquième ou un sixième d’âme, c’est-à-dire la cinquième ou la sixième partie de ce qui lui fut attribué en 1861.

Le paysan russe est un amoureux passionné de la terre. « L’homme est comme l’abeille, dit-il, il doit aimer et admirer la