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UNE SEMAINE D’OURAGAN RÉVOLUTIONNAIRE

la guerre civile passe en tourbillon sur nos tètes ?… Le tragique de la grande crise révolutionnaire n’est pas encore épuisé !…

Mais voici que pareils au Deus ex machina des anciens, Skobelev, un des leaders du parti socialiste, accourt, prononce des paroles de concorde et d’apaisement ; Kornilov, héros jadis adoré des soldats, fait à la sagesse de l’armée un émouvant appel : « Soldats, citoyens, entre la flotte allemande et nous, il n’y a plus qu’une barrière chaque jour diminuée : les glaces de la Baltique. Ne nous divisons pas, je vous en conjure, au moment où nous allons avoir peut-être à fournir le plus prodigieux effort de cette guerre pour sauver la patrie en danger. Soldats, rentrez paisiblement dans vos casernes et attendez-y les ordres du Conseil des délégués ouvriers et soldats et les miens ! » On y applaudit ; des casquettes et des bonnets de fourrure s agitent, les drapeaux frissonnent au-dessus des têtes, on crie : « Vive Kornilov ! »

Une autre scène se jouait sur la Perspective Newsky. Des bureaux de la Rouska Volya un homme était sorti, élevant à bout de bras