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UNE SEMAINE D’OURAGAN RÉVOLUTIONNAIRE

quelques patrouilles commencent à sortir. La foule s’arrête et regarde, étonnée. Le contraste est si grand, entre les uniformes soigneusement ajustés, l’allure martiale d’autrefois et le laisser aller, la démarche paresseuse d’aujourd’hui !… Sont-ce là les armées héroïques des champs de la Prusse orientale, des campagnes de Pologne et de Galicie ? Sont-ce là les soldats de la Révolution ?


10/23 mars. — Un jeune homme monte la garde dans notre rue. Il est vêtu d’un uniforme d’étudiant noir à pattes bleues et à boutons de cuivre, et il porte un brassard avec les lettres GM peintes en rouge sur fond blanc. Cela signifie Gorodskoïa Militri, Milice de la Ville. C’est un de ces miliciens qui ont été appelés à remplacer la police après sa disparition.

La milice, aujourd’hui notre unique sauvegarde contre les excès d’une cohue lâchée et sans frein, s’est d’abord organisée automatiquement. Dès les premiers jours de la Révolution, les étudiants prirent sur eux de maintenir un ordre relatif dans les rues où l’armée ne pensait qu’à combattre et où se répandaient