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UNE SEMAINE D’OURAGAN RÉVOLUTIONNAIRE

Il faut bien le dire, car cela est désormais de l’histoire, c’est le pricaz (ordre) n° 1 publié par le Conseil des délégués ouvriers et soldats qui a fait tout le mal. Ce Conseil, aujourd’hui tout-puissant, est sorti du groupe des députés troudoviki ou travaillistes. Il existait déjà lors de la révolution de 1905 et joua un grand rôle pendant les terribles journées de janvier, sous la présidence de Kroustalov-Nassar. À son nom ancien, il a ajouté les mots « et soldats », afin de comprendre dans son sein l’énorme masse des travailleurs actuellement sous les drapeaux. Deux de ses membres, MM. Kérensky et Tchéidzé siègent à la fois dans le Gouvernement et dans le Conseil. Il tient ses séances au Palais de Tauride, dans la salle même où siégeait la Douma. Socialiste, il a refusé de suivre M. Rodzianko et le Gouvernement provisoire, qui se seraient contentés d’une monarchie constitutionnelle, au moins jusqu’à la convocation de l’Assemblée nationale constituante. Il a insisté pour l’établissement d’une république démocratique et c’est lui qui l’a emporté. Néanmoins, la création d’un gouvernement définitif reste l’œuvre attendue de la grande Assemblée.