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Phénice.

Ce sont vos affaires, et je m’en tiens à ce que je vous ai dit. Voici mon père avec ma sœur ; de grâce, retirez-vous, avant qu’ils puissent vous voir.

Damis.

Mais, madame…

Phénice.

Oh ! monsieur, trêve de raillerie.

(Damis sort.)



Scène II

M. ORGON, LUCILE, PHÉNICE.
M. Orgon, parlant avec Lucile, avec qui il rentre.

Non, ma fille, je n’ai jamais prétendu vous contraindre : quelque chose que vous me disiez, il est certain que vous ne l’aimez pas ; ainsi n’en parlons plus. (Phénice veut s’en aller.) Restez, Phénice, je vous cherchais, et j’ai un mot à vous dire. Écoutez-moi toutes deux. Damis voulait épouser votre sœur ; c’était là notre arrangement. Nous sommes obligés de le changer ; le cœur de Lucile en dispose autrement : elle ne l’avoue pas, mais ce n’est que par pure complaisance pour moi, et j’ai quitté ce projet-là.

Lucile.

Mais, mon père, vous dirais-je que j’aime Damis ! Cela ne siérait pas ; c’est un langage qu’une fille bien née ne saurait tenir, quand elle en aurait envie.

M. Orgon.

Encore ! Et si je vous disais que c’est de Lisette