Oui, ma fille. Voici une lettre que je viens de recevoir de lui, et qu’il a écrite la veille de son départ. Il me mande qu’il vient vous offrir sa fortune, et nous le verrons peut-être ce soir. Vous m’aviez paru jusqu’ici très médiocrement prévenue en sa faveur, vous avez changé. Puisse-t-il mériter la préférence que vous lui donnez ! Si vous voulez lire sa lettre, la voilà.
Je pourrais être de trop dans ce moment-ci, monsieur, et je vous laisse seuls.
Non, Dorante, je n’ai rien à dire, et je n’aurais d’ailleurs aucun secret pour vous. Mais, de grâce, satisfaites ma juste curiosité. Quel est cet honnête homme de vos amis qui songeait à ma fille, et qui se serait cru si heureux de partager ses grands biens avec elle ? En vérité, nous lui devons du moins de la reconnaissance. Il aime tendrement Angélique, dites-vous ? Où l’a-t-il vue, depuis six ans qu’elle est sortie de Paris ?
C’est ici, monsieur.
Ici, dites-vous ?
Oui, monsieur, et il y a même une terre.
Je ne me rappelle personne que cela puisse regarder. Son nom, s’il vous plaît ? Vous ne risquez rien à nous le dire.