Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/546

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Angélique.

Qui a l’air assez commun pourtant, l’air de ces gens-là ; mais ce qu’il avait d’aimable pour moi, c’est son attachement pour mon père, à qui même il a rendu quelque service ; voilà ce qui le distinguait à mes yeux, comme de raison.

Lisette.

La belle magnière de penser ! Ce que c’est que d’aimer son père !

Angélique.

La reconnaissance va loin dans les bons cœurs ; elle a quelquefois tenu lieu d’amour.

Lisette.

Cette reconnaissance-là, alle vous aurait menée à la noce, ni pus ni moins.

Angélique.

Enfin, heureusement m’en voilà débarrassée ; car, quelquefois, à dire vrai, l’amour que je lui croyais ne laissait pas de m’inquiéter.

Lisette.

Oui ; mais, de Lépaine que ferais-je, moi, qui sis participante de votre rang ?

Angélique.

Ce qu’une fille raisonnable, qui m’appartient et qui est née quelque chose, doit faire d’un valet qui ne lui convient pas, et du valet d’un homme qui manque aux égards qu’il me doit.

Lisette.

Ça suffit. S’il retourne à moi, je vous li garde son