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alle est magnifique. Pardi ! quand ce serait pour la face d’un prince. T’as raison, Lisette, me repartit-elle ; oui, ma fille, c’est dommage. Cette nativité est fâcheuse ; car le personnage est agriable ; il fait plaisir à considérer ; je n’en vas pas à l’encontre.

Dorante.

Mais, Lisette, suivant ce que tu me rapportes là, je pourrais donc risquer l’aveu de mes sentiments ?

Lisette.

Ah ! monsieur, qui est-ce qui sait ça ? Parsonne. Alle a de la raison en tout et partout, hors dans cette affaire de noblesse. Faut pas vous tromper, il n’y a que les gentilshommes qui soyont son prochain ; le reste est quasiment de la formi pour elle. Ce n’est pas que vous ne li plaisiais. S’il n’y avait que son cœur, je vous dirais : Il vous attend, il n’y a qu’à le prenre ; mais cette gloire est là qui le garde ; ce sera elle qui gouvarnera ça, et faudrait trouver queuque manigance.

Lépine.

Attaquons, monsieur. Qu’est-ce que c’est que la gloire ? Elle n’a vaillant que des cérémonies.

Dorante.

Mon intention, Lisette, était d’abord de t’engager à me servir auprès d’Angélique ; mais cela serait inutile, à ce que je vois, et il me vient une autre idée. Je sors d’avec le marquis, à qui, sans me nommer, j’ai parlé d’un très riche parti qui se présentait pour sa fille ; et sur tout ce que je lui en ai dit, il m’a permis de le proposer à Angélique ; mais je juge à propos que tu la préviennes avant que je lui parle.