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seulement que cet amoureux veut détourner voute fille.

Madame Argante.

Qu’appelles-tu la détourner ?

Lubin.

La loger ailleurs, la changer de chambre : v’là c’en que c’est.

Madame Argante.

Qu’a-t-elle répondu ?

Lubin.

Il n’y a encore rien de décidé ; car voute fille a dit : « Comment, ventregué ! un enlèvement, monsieur, avec une mère qui m’aime tant ! — Bon ! belle amiquié ! » a dit Lisette. Voute fille a reparti que c’était une honte, qu’alle vous parlerait, vous émouverait, vous embrasserait les jambes ; et pis chacun a tiré de son côté, et moi du mian.

Madame Argante.

Je saurai y mettre ordre. Dorante va-t-il se rendre ici ?

Lubin.

Tatigué, s’il viendra ! Je li ons donné l’ordre de la part de noute damoiselle ; il ne peut pas manquer d’être obéissant, et la chaise de poste est au bout de l’allée.

Madame Argante.

La chaise !

Lubin.

Eh ! voirement oui ! avec une dame entre deux âges, qu’il a mêmement descendue dans l’hôtellerie du village.