Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/403

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dorante.

De quoi est-il question ?

Lubin.

C’est que je me repens…

Dorante.

Qu’appelles-tu te repentir ?

Lubin.

J’entends qu’il y a des scrupules qui me tourmentont sur vos rendez-vous que je protège ; j’ons queuquefois la tentation de vous torner casaque sur tout ceci, et d’aller nous accuser tretous.

Dorante.

Tu rêves. Où est le mal de ces rendez-vous ? Que crains-tu ? Ne suis-je pas honnête homme ?

Lubin.

Morgué ! moi itou ; et tellement honnête, qu’il n’y aura pas moyen d’être un fripon, si onen ne me soutient le cœur par rapport à ce que j’ons toujours maille à partir avec ma conscience ; il y a toujours queuque chose qui cloche dans mon courage, à chaque pas que je fais, j’ai le défaut de m’arrêter, à moins qu’on ne me pousse, et c’est à vous à pousser.

Dorante, tirant une bague qu’il lui donne.

Eh ! morbleu ! prends encore cela, et continue.

Lubin.

Ça me ravigote.

Dorante.

Dis-moi ; Angélique viendra-t-elle bientôt ?