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Angélique.

Vous m’excuserez ; c’est l’air que vous avez pris qui m’a alarmée ; mais je n’ai plus peur. Oui, j’aime ; c’est un penchant qui m’a surprise.

Madame Argante.

Tu n’es pas la première ; cela peut arriver à tout le monde. Et quel homme est-ce ? Est-il à Paris ?

Angélique.

Non, je ne le connais que d’ici.

Madame Argante, riant.

D’ici, ma chère ? Conte-moi donc cette histoire-là ; je la trouve plus plaisante que sérieuse. Ce ne peut être qu’une aventure de campagne, une rencontre ?

Angélique.

Justement.

Madame Argante.

Quelque jeune homme galant, qui t’a salué, et qui a su adroitement engager une conversation ?

Angélique.

C’est cela même.

Madame Argante.

Sa hardiesse m’étonne ; car tu es d’une figure qui devait lui en imposer. Ne trouves-tu pas qu’il a un peu manqué de respect ?

Angélique.

Non ; le hasard a tout fait, et c’est Lisette qui en est cause, quoique fort innocemment ; elle