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Hortense.

De quoi s’agit-il donc ?

Le Chevalier.

Vous me rappelez aussi ; dois-je en tirer un bon augure ?

Hortense.

Je croyais que vous alliez écrire.

Le Marquis.

Rien n’empêche. Mais c’est que j’ai une proposition à vous faire, et qui est tout à fait raisonnable.

Hortense.

Une proposition, monsieur le marquis ? Vous m’avez donc trompée ? Votre amour n’est pas aussi vrai que vous me l’avez dit.

Le Marquis.

Que diantre voulez-vous ? On prétend aussi que vous ne m’aimez point ; cela me chicane.

Hortense.

Je ne vous aime pas encore, mais je vous aimerai. Et puis, monsieur, avec de la vertu, on se passe d’amour pour un mari.

Le Marquis.

Oh ! je serais un mari qui ne s’en passerait pas, moi. Nous ne gagnerions, à nous marier, que le loisir de nous quereller à notre aise, et ce n’est pas là une partie de plaisir bien touchante ; ainsi, tenez, accommodons-nous plutôt. Partageons le différend en deux : il y a deux cent mille francs sur le testament ; prenez-en la moitié, quoique