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Hortense.

Eh bien, monsieur, à quoi vous déterminez-vous ? Il est temps de fixer mon état. Je ne vous cache point que vous avez un rival ; c’est le chevalier, qui est parent de madame, que je ne vous préfère pas, mais que je préfère à tout autre, et que j’estime assez pour en faire mon époux si vous ne devenez pas le mien ; c’est ce que je lui ai dit jusqu’ici ; et, comme il m’assure avoir des raisons pressantes de savoir aujourd’hui même à quoi s’en tenir, je n’ai pu lui refuser de vous parler. Monsieur, le congédierai-je, ou non ? Que voulez-vous que je lui dise ? Ma main est à vous, si vous la demandez.

Le Marquis.

Vous me faites bien de la grâce ; je la prends, mademoiselle.

Hortense.

Est-ce votre cœur qui me choisit, monsieur le marquis ?

Le Marquis.

N’êtes-vous pas assez aimable pour cela ?

Hortense.

Et vous m’aimez ?

Le Marquis.

Qui est-ce qui vous dit le contraire ? Tout à l’heure j’en parlais à Madame.

La comtesse.

Il est vrai, c’était de vous dont il m’entretenait ; il songeait à vous proposer ce mariage.

Hortense.

Et il vous disait qu’il m’aimait ?