Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/258

Cette page a été validée par deux contributeurs.

La comtesse.

Belle finesse ! quand je lui échapperais aujourd’hui, ne me retrouvera-t-il pas demain ? Il faudrait donc vous avoir toujours à mes côtés ? Non, non, partez. S’il me parle, je sais répondre.

Lisette.

Je suis à vous dans l’instant ; je n’ai qu’à donner cette lettre à un laquais.

La comtesse.

Non, Lisette ; c’est une lettre de conséquence, et vous me ferez plaisir de la porter vous-même, parce que, si le courrier est passé, vous me la rapporterez et je l’enverrai par une autre voie. Je ne me fie point aux valets, ils ne sont point exacts.

Lisette.

Le courrier ne passe que dans deux heures, madame.

La comtesse.

Eh ! allez, vous dis-je. Que sait-on ?

Lisette, à part.

Quel prétexte ! Cette femme-là ne va pas droit avec moi. (Elle sort.)



Scène VII

LA COMTESSE, seule.

Elle avait la fureur de rester. Les domestiques sont haïssables ; il n’y a pas jusqu’à leur zèle qui ne vous désoblige. C’est toujours de travers qu’ils vous servent.