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nous du mal en toute franchise. Adieu, gentille personne, je vous chéris ni plus ni moins ; gardez-moi votre cœur, c’est un dépôt que je vous laisse.

Lisette.

Adieu, mon pauvre Lépine ; vous êtes peut-être de tous les fous de la Garonne le plus effronté, mais aussi le plus divertissant.



Scène VI

LA COMTESSE, LISETTE.
Lisette.

Voici ma maîtresse. De l’humeur dont elle est, je crois que cet amour-ci ne la divertira guère. Gare que le marquis ne soit bientôt congédié !

La comtesse, tenant une lettre.

Tenez, Lisette, dites qu’on porte cette lettre à la poste ; en voilà dix que j’écris depuis trois semaines. La sotte chose qu’un procès ! Que j’en suis lasse ! Je ne m’étonne pas s’il y a tant de femmes qui se marient.

Lisette, riant.

Bon, votre procès ! une affaire de mille francs ! Voilà quelque chose de bien considérable pour vous ! Avez-vous envie de vous remarier ? J’ai votre affaire.

La comtesse.

Qu’est-ce que c’est qu’envie de me remarier ? Pourquoi me dites-vous cela ?

Lisette.

Ne vous fâchez pas ; je ne veux que vous divertir.