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Madame Argante, vivement.

Paix ; vous avez assez parlé. (À Araminte.) Je n’ai point dit que son neveu fût un fripon. Il ne serait pas impossible qu’il le fût ; je n’en serais pas étonnée.

Monsieur Remy.

Mauvaise parenthèse, avec votre permission ; supposition injurieuse et tout à fait hors d’œuvre.

Madame Argante.

Honnête homme, soit ; du moins n’a-t-on pas encore de preuves du contraire, et je veux croire qu’il l’est. Pour un impertinent et très impertinent, j’ai dit qu’il en était un, et j’ai raison. Vous dites que vous le garderez ; vous n’en ferez rien.

Araminte, froidement.

Il restera, je vous assure.

Madame Argante.

Point du tout ; vous ne sauriez. Seriez-vous d’humeur à garder un intendant qui vous aime ?

Monsieur Remy.

Eh ! à qui voulez-vous donc qu’il s’attache ? À vous, à qui il n’a pas affaire ?

Araminte.

Mais, en effet, pourquoi faut-il que mon intendant me haïsse ?

Madame Argante.

Eh ! non ; point d’équivoque. Quand je vous dis qu’il vous aime, j’entends qu’il est amoureux de vous, en bon français ; qu’il est ce qu’on appelle