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Araminte.

Lui ? non vraiment. Je ne le connais que pour un homme très estimable.

Monsieur Remy.

Au discours que madame en tient, ce doit pourtant être un fripon dont il faut que je vous délivre ; et on se passerait bien du présent que je vous ai fait ; et c’est un impertinent qui déplaît à madame, qui déplaît à monsieur, qui parle en qualité d’époux futur ; et à cause que je le défends, on veut me persuader que je radote.

Araminte, froidement.

On se jette là dans de grands excès. Je n’y ai point de part, monsieur. Je suis bien éloignée de vous traiter si mal. À l’égard de Dorante, la meilleure justification qu’il y ait pour lui, c’est que je le garde. Mais je venais pour savoir une chose, monsieur le comte ; il y a là-bas un homme d’affaires que vous avez amené pour moi. On se trompe apparemment ?

Le Comte.

Madame, il est vrai qu’il est venu avec moi ; mais c’est madame Argante…

Madame Argante.

Attendez, je vais répondre. Oui, ma fille, c’est moi qui ai prié monsieur de le faire venir pour remplacer celui que vous avez et que vous allez mettre dehors ; je suis sûre de mon fait. J’ai laissé dire votre procureur, au reste ; mais il amplifie.

Monsieur Remy.

Courage !