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Dorante.

Je veux dire avec son portrait, quand je ne la vois point.

Araminte.

Son portrait ? Est-ce que vous l’avez fait faire ?

Dorante.

Non, madame ; mais j’ai, par amusement, appris à peindre, et je l’ai peinte moi-même. Je me serais privé de son portrait si je n’avais pu l’avoir que par le secours d’un autre.

Araminte, à part.

Il faut le pousser à bout. (Haut.) Montrez-moi ce portrait.

Dorante.

Daignez m’en dispenser, madame ; quoique mon amour soit sans espérance, je n’en dois pas moins un secret inviolable à l’objet aimé.

Araminte.

Il m’en est tombé un par hasard entre les mains ; on l’a trouvé ici. (Montrant la boîte.) Voyez si ce ne serait point celui dont il s’agit.

Dorante.

Cela ne se peut pas.

Araminte, ouvrant la boîte.

Il est vrai que la chose serait assez extraordinaire ; examinez.

Dorante.

Ah ! madame, songez que j’aurais perdu mille