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ACTE II



Scène première

ARAMINTE, DORANTE.
Dorante.

Non, madame, vous ne risquez rien ; vous pouvez plaider en toute sûreté. J’ai même consulté plusieurs personnes, l’affaire est excellente ; et si vous n’avez que le motif dont vous parlez pour épouser monsieur le comte, rien ne vous oblige à ce mariage.

Araminte.

Je l’affligerai beaucoup, et j’ai de la peine à m’y résoudre.

Dorante.

Il ne serait pas juste de vous sacrifier à la crainte de l’affliger.

Araminte.

Mais avez-vous bien examiné ? Vous me disiez tantôt que mon état était doux et tranquille. N’aimeriez-vous pas mieux que j’y restasse ? N’êtes-vous pas un peu trop prévenu contre le mariage, et par conséquent contre monsieur le comte ?

Dorante.

Madame, j’aime mieux vos intérêts que les siens, et que ceux de qui que ce soit au monde.