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M. Remy, vous regarde aussi bien que moi, comme vous voyez.

Dorante.

Tenez, mademoiselle Marton, vous êtes la plus aimable fille du monde, mais ce n’est que faute de réflexion que ces mille écus vous tentent.

Marton.

Au contraire, c’est par réflexion qu’ils me tentent ; plus j’y rêve, et plus je les trouve bons.

Dorante.

Mais vous aimez votre maîtresse ; et si elle n’était pas heureuse avec cet homme-là, ne vous reprocheriez-vous pas d’y avoir contribué pour une si misérable somme ?

Marton.

Ma foi, vous avez beau dire ; d’ailleurs, le comte est un honnête homme et je n’y entends point de finesse. Voilà madame qui revient, elle a à vous parler. Je me retire. Méditez sur cette somme ; vous la goûterez aussi bien que moi.

(Elle sort.)
Dorante.

Je ne suis pas si fâché de la tromper.



Scène XII

ARAMINTE, DORANTE.
Araminte.

Vous avez donc vu ma mère ?