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Marton.

Point du tout. Monsieur entend les affaires ; il est fils d’un père extrêmement habile.

Madame Argante, à Marton, à part.

Je n’ai pas grande opinion de cet homme-là. Est-ce là la figure d’un intendant ? Il n’en a non plus l’air…

Marton, à part.

L’air n’y fait rien. (Haut.) Je vous réponds de lui ; c’est l’homme qu’il nous faut.

Madame Argante.

Pourvu que monsieur ne s’écarte pas des intentions que nous avons, il me sera indifférent que ce soit lui ou un autre.

Dorante.

Peut-on savoir ces intentions, madame ?

Madame Argante.

Connaissez-vous M. le comte Dorimont ? C’est un homme d’un beau nom. Ma fille et lui allaient avoir un procès ensemble au sujet d’une terre considérable. Il ne s’agissait pas moins que de savoir à qui elle resterait ; et on a songé à les marier pour empêcher qu’ils ne plaident. Ma fille est veuve d’un homme qui était fort considéré dans le monde et qui l’a laissée fort riche. Madame la comtesse Dorimont aurait un rang si élevé, irait de pair avec des personnes d’une si grande distinction, qu’il me tarde de voir ce mariage conclu ; et, je l’avoue, je serai charmée moi-même d’être la mère de madame la comtesse