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Araminte.

C’est-à-dire que vous êtes un homme de très bonne famille, et même au-dessus du parti que vous prenez.

Dorante.

Je ne sens rien qui m’humilie dans le parti que je prends, madame. L’honneur de servir une dame comme vous n’est au-dessous de qui que ce soit, et je n’envierai la condition de personne.

Araminte.

Mes façons ne vous feront point changer de sentiment. Vous trouverez ici tous les égards que vous méritez ; et si, dans la suite, il y avait occasion de vous rendre service, je ne la manquerai point.

Marton.

Voilà madame ; je la reconnais.

Araminte.

Il est vrai que je suis toujours fâchée de voir d’honnêtes gens sans fortune, tandis qu’une infinité de gens de rien, et sans mérite, en ont une éclatante. C’est une chose qui me blesse, surtout dans les personnes de son âge ; car vous n’avez que trente ans, tout au plus ?

Dorante.

Pas tout à fait encore, madame.

Araminte.

Ce qu’il y a de consolant pour vous, c’est que vous avez le temps de devenir heureux.