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de l’amour ? Il va trop son train pour elle. Est-ce qu’il vous en reste encore de la raison, Comtesse ? Me feriez-vous ce chagrin-là ? Vous ne m’aimeriez guère.

LA COMTESSE

Vous voilà dans vos petites folies ; vous savez qu’elles sont aimables, et c’est ce qui vous rassure ; il est vrai que vous m’amusez. Quelle différence de vous à Lélio, dans le fond !

LE CHEVALIER

Oh ! vous ne voyez rien. Mais revenons à Lélio ; je vous disais de le renvoyer aujourd’hui ; l’amour vous y condamne ; il parle, il faut obéir.

LA COMTESSE

Eh bien je me révolte ; qu’en arrivera-t-il ?

LE CHEVALIER

Non ; vous n’oseriez,

LA COMTESSE

Je n’oserais ! Mais voyez avec quelle hardiesse il me dit cela !

LE CHEVALIER

Non, vous dis-je ; je suis sûr de mon fait ; car vous m’aimez votre cœur est à moi. J’en ferai ce que je voudrai, comme vous ferez du mien ce qu’il vous plaira ; c’est la règle, et vous l’observerez, c’est moi qui vous le dis.

LA COMTESSE

Il faut avouer que voilà un fripon bien sûr de ce qu’il vaut. Je l’aime ! mon cœur est à lui ! il nous dit