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les quitter, pour avoir voulu me partager entre les anciens et les modernes. Avais-je tort ?

FRONTIN

Non ; tu avais observé toutes les règles de la prudence humaine. Mais je ne puis en écouter davantage. Je dois aller coucher ce soir à Paris, où l’on m’envoie, et je cherchais quelqu’un qui tînt ma place auprès de mon maître pendant mon absence ; veux-tu que je te présente ?

TRIVELIN

Oui-da. Et qu’est-ce que c’est que ton maître ? Fait-il bonne chère ? Car, dans l’état où je suis, j’ai besoin d’une bonne cuisine.

FRONTIN

Tu seras content ; tu serviras la meilleure fille…

TRIVELIN

Pourquoi donc l’appelles-tu ton maître ?

FRONTIN

Ah, foin de moi, je ne sais ce que je dis, je rêve à autre chose.

TRIVELIN

Tu me trompes, Frontin.

FRONTIN

Ma foi, oui, Trivelin. C’est une fille habillée en homme dont il s’agit. Je voulais te le cacher ; mais la vérité m’est échappée, et je me suis blousé comme un sot. Sois discret, je te prie.