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souverains ; Lélio travaillait à se rendre maître de l’État ; son malheur vous consterne : tout cela amènerait des réflexions qui pourraient vous embarrasser.

HORTENSE

Allez, Frédéric, je ne vous demande plus rien ; vous êtes trop méchant pour être à craindre ; votre méchanceté vous met hors d’état de nuire à d’autres qu’à vous-même ; à l’égard de Lélio, sa destinée, non plus que la mienne, ne relèvera jamais de la lâcheté de vos pareils.

FRÉDÉRIC

Madame, je crois que vous voudrez bien me dispenser d’en écouter davantage ; je puis me passer de vous entendre achever mon éloge. Voici Monsieur l’Ambassadeur, et vous me permettrez de le joindre.


Scène VIII

L’AMBASSADEUR, HORTENSE, FRÉDÉRIC


HORTENSE

Il me fera raison de vos refus. Seigneur, daignez m’accorder une grâce ; je vous la demande avec la confiance que l’Ambassadeur d’un roi si vanté me paraît mériter. La Princesse est irritée contre Lélio ; elle a dessein de le mettre entre les mains du plus grand ennemi qu’il ait ici, c’est Frédéric. Je réponds cependant de son innocence. Vous en dirai-je encore plus, Seigneur ? Lélio m’est cher, c’est aveu que je donne au péril où il est ; le temps vous prouvera