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Scène VII

LÉLIO, HORTENSE


LÉLIO

Enfin, Madame, il est temps que vous décidiez de mon sort, il n’y a point de moments à perdre. Vous venez d’entendre la Princesse ; elle veut que je prononce sur le mariage qu’on lui propose. Si je refuse de le conclure, c’est entrer dans ses vues, et lui dire que je l’aime ; si je le conclus, c’est lui donner des preuves d’une indifférence dont elle cherchera les raisons. La conjoncture est pressante ; que résolvez-vous en ma faveur ? Il faut que je me dérobe d’ici incessamment ; mais vous, Madame, y resterez-vous ? Je puis vous offrir un asile où vous ne craindrez personne. Oserai-je espérer que vous consentiez aux mesures promptes et nécessaires ?…

HORTENSE

Non, Monsieur, n’espérez rien, je vous prie ; ne parlons plus de votre cœur, et laissez le mien en repos ; vous le troublez, je ne sais ce qu’il est devenu ; je n’entends parler que d’amour à droite et à gauche, il m’environne ; il m’obsède, et le vôtre, au bout du compte, est celui qui me presse le plus.

LÉLIO

Quoi ! Madame, c’en est donc fait, mon amour vous fatigue, et vous me rebutez ?