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querelle fondée pour l’éternité ; le moyen de vivre ensemble, j’aimerais mieux mourir. Vous me trouvez rêveuse ; après cela il faut que je m’explique. Lélio m’a regardée, vous ne savez que penser, vous ne me comprenez pas, vous m’estimez, vous me croyez fourbe ; haine, amitié, soupçon, confiance, le calme, l’orage, vous mettez tout ensemble, je m’y perds, la tête me tourne, je ne sais où je suis ; je quitte la partie, je me sauve, je m’en retourne ; dussiez-vous prendre encore mon voyage pour une finesse.

LA PRINCESSE

, la caressant.

Non, ma chère Hortense, vous ne me quitterez point ; je ne veux point vous perdre, je veux vous aimer, je veux que vous m’aimiez ; j’abjure toutes mes faiblesses ; vous êtes mon amie, je suis la vôtre, et cela durera toujours.

HORTENSE

Madame, cet amour-là nous brouillera ensemble, vous le verrez ; laissez-moi partir ; comptez que je le fais pour le mieux.

LA PRINCESSE

Non, ma chère ; je vais faire arrêter tous vos équipages, vous ne vous servirez que des miens ; et, pour plus de sûreté, à toutes les portes de la ville vous trouverez des gardes qui ne vous laisseront passer qu’avec moi. Nous irons quelquefois nous promener ensemble ; voilà tous les voyages que vous ferez ; point de mutinerie ; je n’en rabattrai rien. À l’égard