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n’y trouviez un équivoque. Quel étrange amour que le vôtre, Madame ! Je n’en ai jamais vu de cette humeur-là.

LA PRINCESSE

Encore une fois, je me condamne ; mais vous n’êtes pas mon amie pour rien ; vous êtes obligée de me supporter ; j’ai de l’amour, en un mot, voilà mon excuse.

HORTENSE

Mais, Madame, c’est plus mon amour que le vôtre ; de la manière dont vous le prenez, il me fatigue plus que vous ; ne pourriez-vous me dispenser de votre confidence ? Je me trouve une passion sur les bras qui ne m’appartient pas ; peut-on de fardeau plus ingrat ?

LA PRINCESSE

, d’un air sérieux.

Hortense, je vous croyais plus d’attachement pour moi ; et je ne sais que penser, après tout, du dégoût que vous témoignez. Quand je répare mes soupçons à votre égard par l’aveu franc que je vous en fais, mon amour vous déplaît trop ; je n’y comprends rien ; on dirait presque que vous en avez peur.

HORTENSE

Ah la désagréable situation ! Que je suis malheureuse de ne pouvoir ouvrir ni fermer la bouche en sûreté ! Que faudra-t-il donc que je devienne ? Les remarques me suivent, je n’y saurais tenir ; vous me désespérez, je vous tourmente, toujours je vous fâcherai en parlant, toujours je vous fâcherai en ne disant mot : je ne saurais donc me corriger ; voilà une