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ARLEQUIN

Hom… il y a de la malice là-dessous ; vous avez l’air d’un sournois ; je m’en vais gager dix sols contre vous, que vous ne valez rien.

FRÉDÉRIC

Que te mets-tu donc dans l’esprit ? Tu n’y songes pas, Arlequin.

ARLEQUIN

, d’un ton triste.

Allez, vous ne devriez pas tenter un pauvre garçon, qui n’a pas plus d’honneur qu’il lui en faut, et qui aime les filles. J’ai bien de la peine à m’empêcher d’être un coquin ; faut-il que l’honneur me ruine, qu’il m’ôte mon bien, mes emplois et une jolie fille ? Par la mardi, vous êtes bien méchant, d’avoir été trouver l’invention de cette fille.

FRÉDÉRIC

, à part.

Ce butor-là m’inquiète avec ses réflexions. Encore une fois, es-tu fou d’être si longtemps à prendre ton parti ? D’où vient ton scrupule ? De quoi s’agit-il ? de me donner quelques instructions innocentes sur le chapitre d’un homme inconnu, qui demain tombera peut-être, et qui te laissera sur le pavé. Songes-tu bien que je t’offre la fortune, et que tu la perds ?

ARLEQUIN

Je songe que cette commission-là sent le tricot tout pur ; et par bonheur que ce tricot fortifie mon pauvre honneur, qui a pensé barguigner. Tenez, votre jolie fille, ce n’est qu’une guenon ; vos emplois,