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je sais combien elle vous estime et défère à vos avis, je vous prie de faire en sorte qu’elle pense à moi ; vous ne pouvez obliger personne qui soit plus votre serviteur que je le suis. On sait à la cour en quels termes je parle de vous.

LÉLIO

, le regardant d’un air aisé.

Vous y dites donc beaucoup de bien de moi ?

FRÉDÉRIC

Assurément.

LÉLIO

Ayez la bonté de me regarder un peu fixement en me disant cela.

FRÉDÉRIC

Je vous le répète encore. D’où vient que vous me tenez ce discours ?

LÉLIO

, après l’avoir examiné.

Oui, vous soutenez cela à merveille ; l’admirable homme de cour que vous êtes !

FRÉDÉRIC

Je ne vous comprends pas.

LÉLIO

Je vais m’expliquer mieux. C’est que le service que vous me demandez ne vaut pas qu’un honnête homme, pour l’obtenir, s’abaisse jusqu’à trahir ses sentiments.

FRÉDÉRIC

Jusqu’à trahir mes sentiments ! Et par où jugez-vous que l’amitié dont je vous parle ne soit pas vraie ?