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LA PRINCESSE

Eh bien ! Hortense, je vous en croirai ; mais j’attends un service de vous. Je ne saurais me résoudre à montrer clairement mes dispositions à Lélio ; souffrez que je vous charge de ce soin-là, et acquittez-vous-en adroitement dès que vous le verrez.

HORTENSE

Avec plaisir, Madame ; car j’aime à faire de bonnes actions. À la charge que, quand vous aurez épousé cet honnête homme-là, il y aura dans votre histoire un petit article que je dresserai moi-même, et qui dira précisément : ce fut la sage Hortense qui procura cette bonne fortune au peuple ; la Princesse craignait de n’avoir pas bonne grâce en épousant Lélio ; Hortense lui leva ce vain scrupule, qui eût peut-être privé la république de cette longue suite de bons princes qui ressemblèrent à leur père. Voilà ce qu’il faudra mettre pour la gloire de mes descendants, qui, par ce moyen, auront en moi une aïeule d’heureuse mémoire.

LA PRINCESSE

Quel fonds de gaieté !… Mais, ma chère Hortense, vous parlez de vos descendants ; vous n’avez été qu’un an avec votre mari, qui ne vous a pas laissé d’enfants, et toute jeune que vous êtes, vous ne voulez pas