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des sons qui partent de ce côté-là ? Nous nous y amuserons assurément ; il doit y avoir quelque agréable fête. Que cela est vif et touchant !

LA MODESTIE

Vous ne le sentez que trop.

FÉLICIE

Pourquoi trop ? Est-ce qu’il n’est pas permis d’avoir du goût ? Allez-vous encore trembler là-dessus ?

LA MODESTIE

Le goût du plaisir et de la curiosité mène bien loin.

FÉLICIE

Parlez franchement ; c’est qu’on a tort d’avoir des yeux et des oreilles, n’est-ce pas ? Ah ! que vous êtes farouche !(La symphonie recommence.) Ce que j’entends là me fait pourtant grand plaisir… Prêtons-y un peu d’attention… Que cela est tendre et animé tout ensemble !

LA MODESTIE

J’entends aussi du bruit de l’autre côté ; écoutez, je crois qu’on y chante.

On chante.

De la vertu suivez les lois,
Beautés qui de nos cœurs voulez fixer le choix.
Les attraits qu’elle éclaire en brillent davantage.
Est-il rien de plus enchanteur
Que de voir sur un beau visage
Et la jeunesse et la pudeur ?

LA MODESTIE

continue.

Ce que cette voix-là m’inspire ne m’effraie point, par exemple : elle a quelque chose de noble.