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veut que je parle, me répondra de l’affront qu’on me fait aujourd’hui.

MARTON

Eh, Monsieur ! À qui en avez-vous ? Quel mal vous fait-on ? Par quel intérêt refusez-vous d’obliger ma maîtresse, qui vous sert actuellement vous-même, et qui, en revanche, vous demande en grâce de servir votre propre ami ? Je ne vous conçois pas ! Frontin, quelle fantaisie lui prend-il donc ? Pourquoi se fâche-t-il contre Hortense ? Sais-tu ce que c’est ?

FRONTIN

Eh ! mon enfant, c’est qu’il l’aime.

MARTON

Bon ! Tu rêves. Cela ne se peut pas. Dit-il vrai, Monsieur ?

ROSIMOND

Marton, je suis au désespoir !

MARTON

Quoi ! Vous ?

ROSIMOND

Ne me trahis pas ; je rougirais que l’ingrate le sût : mais, je te l’avoue, Marton : oui, je l’aime, je l’adore, et je ne saurai supporter sa perte.

MARTON

Ah ! C’est parler que cela ; voilà ce qu’on appelle des expressions.

ROSIMOND

Garde-toi surtout de les répéter.

MARTON

Voilà qui ne vaut rien, vous retombez.