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rien ? Qu’on eût été content sans devoir l’être ? Et fit-on jamais aux gens les reproches que vous me faites, Madame ?

HORTENSE

Vous vous plaignez si joliment, que je ne me lasserais point de vous entendre ; mais il et temps que je me retire. Adieu, Monsieur.

MARTON

Encore un instant, Monsieur me charme ; on ne trouve pas toujours des amants d’une espèce aussi rare.

ROSIMOND

Mais, restez donc, Madame, vous ne me dites mot ; convenons de quelque chose. Y a-t-il matière de rupture entre nous ? Où allez-vous ? Presser ma mère de se raccommoder avec Dorimène ? Oh ! vous me permettrez de vous retenir ! Vous n’irez pas. Qu’elles restent brouillées, je ne veux point de Dorimène ; je n’en veux qu’à vous. Vous laisserez là Dorante, et il n’y a point ici, s’il vous plaît, d’autre raccommodement à faire que le mien avec vous ; il n’y en a point de plus pressé. Ah çà, voyons ; vous rendez-vous justice ? Me la rendez-vous ? Croyez-vous qu’on sente ce que vous valez ? Sommes-nous enfin d’accord ? En est-ce fait ? Vous-ne me répondez rien.

MARTON

Tenez, Madame, vous croyez peut-être que Monsieur le Marquis ne vous aime point, parce qu’il ne vous le dit pas bien bourgeoisement, et en termes précis ; mais faut-il réduire un homme comme lui à cette extrémité-là ? Ne doit-on pas l’aimer gratis ? À