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HORTENSE

Ne devez-vous pas être charmé, Monsieur, qu’on vous débarrasse d’un mariage où vous ne vous engagiez que par complaisance ?

ROSIMOND

Par complaisance ?

MARTON

Par complaisance ! Ah ! Madame, où se récriera-t-on, si ce n’est ici ? Malheur à tout homme qui pourrait écouter cela de sang-froid.

ROSIMOND

Elle a raison. Quand on n’examine pas les gens, voilà comme on les explique.

MARTON

, à part.

Voilà comme on est un sot.

ROSIMOND

J’avais cru pourtant vous avoir donné quelque preuve de délicatesse de sentiment. (Hortense rit. Rosimond continue.) Oui, Madame, de délicatesse.

MARTON

, toujours à part.

Cet homme-là est incurable.

ROSIMOND

Il n’y a qu’à suivre ma conduite ; toutes vos attentions ont été pour Dorante, songez-y ; à peine m’avez-vous regardé : là-dessus, je me suis piqué, cela est dans l’ordre. J’ai paru manquer d’empressement, j’en conviens, j’ai fait l’indifférent, même le fier, si vous voulez ; j’étais fâché : cela est-il si désobligeant ? Est-ce là de la complaisance ? Voilà mes torts. Auriez-vous mieux aimé qu’on ne prît garde à rien ? Qu’on ne sentît