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ROSIMOND

Mais aussi, de quoi s’avisent ces marauds-là ?

FRONTIN

Monsieur, chaque nation a ses coutumes ; voilà les coutumes de la nôtre.

LE COMTE

Il y pourrait, pourtant, rester une petite difficulté ; c’est que dans cette lettre on y parle d’une provinciale, et d’un mariage avec elle qu’on veut empêcher en venant ici, cela ressemblerait assez à notre projet.

LA MARQUISE

J’en conviens.

ROSIMOND

Parle !

FRONTIN

Oh ! bagatelle. Vous allez être au fait. Je vous ai dit que nous prenions vos titres.

LE COMTE

Oui, vous prenez le nom de vos maîtres. Mais voilà tout apparemment.

FRONTIN

Oui, Monsieur, mais quand nos maîtres passent par le mariage, nous autres, nous quittons le célibat ; le maître épouse la maîtresse, et nous la suivante, c’est encore la règle ; et par cette règle que j’observerai, vous voyez bien que Marton me revient. Lisette, qui est là-bas, le sait, Lisette est jalouse, et Marton est tout de suite une provinciale, et tout de suite on menace de venir empêcher le mariage ; il est vrai qu’on n’est pas venu, mais on voulait venir.